Les auteurs du jury, composé par l'ensemble des membres du Comité de la SGDL, ont décidé de récompenser Claude LOUIS-COMBET pour l'ensemble de son oeuvre.
Claude Louis-Combet est né à Lyon, en 1932. Cette ville, évocatrice de souvenirs, de rêveries et de fantasmes est très prégnante dans la substance de ses premiers écrits.
Au cours de sa formation philosophique à l’université de Lyon, il fut particulièrement marqué par la présence et l’enseignement d’Henri Maldiney.
De 1958 à 1992, sa carrière de professeur de philosophie s’est déroulée entièrement à Besançon, au lycée puis à l’école normale.
Son premier roman, Infernaux Paluds a paru chez Flammarion, en 1970, suivi de nombreuses publications, romans, récits et nouvelles, essais, poèmes, livres d’artistes.
À partir de 1993, son œuvre s’est poursuivie surtout chez Corti mais aussi Lettres Vives, Fata Morgana, Galilée, Léo Scheer et divers petits éditeurs.
Depuis 1986, il s’est associé à la collection Atopia, aux éditions Jérôme Millon, à Grenoble. Cette collection réédite des textes spirituels anciens, de tradition chrétienne, ainsi que des écrits consacrés à la démonologie. Claude Louis-Combet en est devenu le directeur en 1990.
La SGDL est heureuse de rendre hommage à cet écrivain essentiel.Le Grand Prix SGDL de littérature pour l'ensemble de l'oeuvre lui est remis le 25 juin 2022, à l'Hôtel de Massa, pendant le festival "Espèces d'auteurs" organisé par la SGDL.
>> Lire le discours de Christophe Hardy, président de la SGDL, à la remise du Grand Prix pour l'Oeuvre à Claude Louis-Combet
Claude Louis-Combet par lui-même
"Sans préjuger des dispositions de l’auteur au quotidien – la vie n’est souvent pour un écrivain que le reste le plus perdu de son écriture, cela que la vague des mots n’aura pu rejoindre et su rassembler –, il est possible d’affirmer que l’œuvre de Louis-Combet est optimiste. Si la déréliction est présente, elle n’est qu’un moment du parcours. Le récit qui est toujours l’histoire d’un cheminement n’accomplit son périple, cause même de son départ, que pour venir se boucler en quelque utérin séjour où, nouveau Jonas dorloté par les vagues, les fils dévorant de la Toute dévoratrice – les rôles s’échangent – peut consommer des extases – “car dévorer et être dévorée, c’est le même plaisir et la même plénitude”. "L’œuvre qui offre à son auteur un tel logis n’appartient pas au désespoir." in L’Œuvre de chair
"L'autobiographie doit se développer sur le territoire des mythes, des rêves, des fantasmes. Elle réalise, en ce sens, un projet anthropologique. Le narrateur cesse de raconter sa vie. Il s'efforce seulement de la déchiffrer dans les miroirs des songes collectifs ou individuels. C'est ce que j'ai appelé une mythobiographie." Entretien avec Alain Poirson, France-Nouvelle, 1980.
"C'est dans l'écart entre le texte qui s'écrit dans la lueur des mots et la nuit matricielle antérieure au verbe que s'apprécie, intuitivement, par une incessante approximation du désir d'être dit, la mesure du texte." “Le nécessaire échec”, in Quai Voltaire revue littéraire, N°1, 1991.
"Avant qu'il y ait un narrateur, il y avait une existence : une enfance, une proche adolescence, et d'autres temps qui allaient suivre avec leur richesse de rencontres et d'expériences, – une convergence vers cet horizon chancelant de l'histoire individuelle où la vie, suspendue en latence féconde, s'inclinerait en écriture, ainsi veillant à s'accomplir." in Le recours au Mythe, p.39.
"L'homme du texte, attelé aux opérations subtiles qui visent à l'osmose de l'autobiographie, tend de plus en plus à considérer son territoire d'enfance comme cette frange ambiguë d'espace et de temps où lumière et ténèbres s'engendrent sans répit et sans mouvement, par un effet de pure émanence, chez les maîtres du clair-obscur."“Figures, à l'orée”, in Le Nouveau Recueil, N°50, mars 1999.
