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Philosophe et sinologue, François Jullien est directeur de l’UFR « Langues et civilisations de l’Asie Orientale » à l’Université Paris 7 - Denis Diderot, et dirige l’Institut Marcel Granet.

Il est directeur de la collection « Orientales » aux Presses Universitaires de France et de la collection des « Essais » du Collège international de philosophie aux Presses Universitaires de France.

Il a notamment publié :

Figures de l’immanence : Pour une lecture philosophique du Yiking, le Classique du changement, Grasset, 1993  (Le Livre de Poche, « Biblio », 1995)

Le Détour et l’Accès : Stratégies du sens en Chine, en Grèce, coll. « Collège de Philosophie », Grasset, 1995 (Le Livre de Poche, « Biblio », 1997)

Fonder la morale, Grasset, 1995

Traité de l’efficacité, Grasset, 1996

Un sage est sans idée, ou l’autre de la philosophie, Seuil, 1998

Penser d’un dehors (la Chine), entretiens avec Thierry Marchaisse, Seuil, 2000.

De l’essence ou du nu, Seuil, 2000.

Du « temps », Eléments d’une philosophie du vivre, Grasset, 2001

Tout s’érode, avec lenteur et comme en catimini. Quelle tromperie ! On se croit dans un monde immuable fait pour durer l’éternité et, au réveil, le réel, invisible jusque-là, nous saute au visage. Tout en nous, et autour de nous, grandit, s’épanouit, fluctue puis se tasse et vieillit… Rien n’y échappe. Notre regard lui-même, qui ausculte l’environnement, se ternit, et notre voix qui, à la longue, nomme chaque rétractation visible par son nom, faiblit et se lézarde sans bruit. Si médiatisé qu’il soit, le progrès et le cortège de mensonges qui s’accrochent à ses pas n’y changent rien.

François Jullien aurait pu nous décrire cette stratégie de la propension des choses et des êtres à l’infléchissement avec le seul regard du philosophe de talent. Mais, en traçant le parallèle entre la rationalité grecque, « dominatrice du monde » bien que coincée entre origine divine et fin annoncée, et l’esprit du sage chinois, selon lequel, du négatif au positif, les forces, opposées mais indissociables, de l’univers communiquent, s’influencent et se régénèrent, il nous invite à la maturation du regard. Ouverture sur d ’autres modes de pensée et d’autres traditions que les nôtres, Les transformations silencieuses nous engage à nous pencher sur ce que notre outillage théorique a laissé dans l’ombre. Prônant la transition continue dans un monde qui paraît choir et s’éteindre, un tel livre fait affleurer une pratique individuelle et politique différente, détachée de toute réactivité aux événements, et réduisant les à-coups de l’actualité à l’état d’affleurements.

                                            

Alain Absire (novembre 2009)

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