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Styliste pour des magazines de décoration, journaliste gastronomique, Véronique Bizot se consacre depuis quatre ans uniquement à l’écriture.

Romancière, nouvelliste, elle a publié :

Les Sangliers, nouvelles, Stock, 2005

Les Jardiniers, nouvelles, Actes Sud, 2008

Mon couronnement, roman, Actes Sud, 2009

On ne couronne pas…

Un homme de science qui depuis si longtemps a oublié pour quelle découverte il est soudain à l’honneur.

Un récipiendaire qui s’accroche, une journée entière, à son escabeau tandis qu’on le photographie ou qu’on le filme.

Un vieux physicien qui n’aime pas le champagne.

Un homme en pyjama qui ne sait pas téléphoner.

Un lauréat de quelque chose, le lendemain du 11 novembre, le mois des vieillards et des défunts.

Un père dont le fils, déjà vieux lui aussi, vous oblige à acheter un costume neuf.

Un chercheur sans aucune vocation pour la science dont la seule image marquante de son travail est une tasse de thé refroidi dans un labo endormi.

Un mari dont l’épouse neurasthénique s’est jetée par la fenêtre sans qu’il en éprouve le moindre chagrin.

Un être devenu invisible dans le tohubohu de la rue Saint-Lazare.

Une personne dont le frère écrivain, englué dans le succès jusqu’à l’écœurement, a sans doute autrefois essayé de le tuer. Qui, parmi toutes les femmes, n’a aimé que sa sœur Louise disparue avec un évêque miséricordieux.

Qui s’est résigné au choix précautionneux de sa tombe à partager un jour avec sa femme de ménage.

Non, on ne le couronne pas.

En revanche, ici, à la SGDL, en ce jour de prix, nous couronnons avec enthousiasme Véronique Bizot, qui de sa plume acérée et avec un humour poignant, s’attarde sur la solitude d’un chercheur de fond échoué dans l’absurdité de la vieillesse et du renoncement.

                                                                                  Noëlle Châtelet (juin 2010)

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