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Docteur en sciences de l’environnement, elle partage son activité de romancière et de journaliste scientifique pour plusieurs grandes revues. Ses articles paraissent dans La Recherche, Ciel et Espace, Sciences et Avenir, Sciences Humaines. http:www.elisabrune.com. Elle a notamment publié, Le secret des femmes, voyage au cœur du plaisir et de la jouissance, essai (avec Yves Ferroul), Odile Jacob, 2010 ; Bonnes nouvelles des étoiles, essai (avec Jean-Pierre Luminet), Odile Jacob, 2009 ; Alors heureuse... croient-ils! : la vie sexuelle des femmes normales, Le Rocher, 2008 ; Séismes et volcans: qu'est-ce qui fait palpiter la Terre? Le Pommier, 2007.

Une nuit, dans son lit, elle décide enfin de lui écrire. Emil Cioran meurt la nuit suivante. Cet homme qui de son vivant regrettait « d’avoir été » reste son miroir, son double, son père ; une lumière possible dans le mur du néant ?

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Depuis l’âge de quatorze ans, elle pratique l’effroi, qui est l’expérience de l’intensité du néant. Elle vit dans l’attente d’une mort qui est déjà là et rend le monde impossible. Elle ne veut plus tenir secrète cette noirceur dans laquelle elle macère. Elle espère un allègement.

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Elle fait donc un voyage dans Cioran. Elle danse avec lui un tango, un pas de deux au rythme de la mort ressassée. Elle écrit un essai sur Cioran ; en fragments comme il se doit. C’est un exorcisme, une tentative pour le rendre inoffensif. En vain. Après c’est pire. Heureusement ?

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En réaction à l’éloge fait par un « poulet d’université », Cioran répondit : « je ne suis qu’un déconneur ». De même, il refusa violemment les approches du jury du Nobel.

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Le livre d’élisa Brune est un piège logique : comme son danseur de tango, elle ne cesse de laisser entendre que tout écrit est d’avance ravagé, inutile de lire… Le prix Thyde Monnier décerné à élisa Brune est donc aussi un piège logique… « J’ai toujours baigné dans l’aporie », dit-elle.

 

Mathias Lair Liaudet (décembre 2011)

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