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Réalisateur d’une trentaine de films, dont Que la fête commence, Coup de torchon, La vie et rien d’autre, Le juge et l’assassin, auteur de la bible des cinéphiles Cinquante ans de cinéma américain, et de Amis américains, président de l’Institut Lumière, Bertrand Tavernier conjugue inlassablement deux passions : le film et le livre. Lecteur passionné des romans policiers de James Lee Burke, il part avec sa caméra aux Etats-Unis pour filmer l’inspecteur Dave Robicheaux, qu’interpréta magnifiquement Tommy Lee Jones. Dans la brume électrique, sorti en France en avril 2009, dévoile la Louisiane, ses bayous, ses crimes et son histoire, et c’est l’histoire du tournage qu’il raconte dans Pas à pas dans la brume électrique

 

  

Mettant en scène une enquête de l’inspecteur Robicheaux en Louisiane, Bertrand Tavernier fait le récit au jour le jour des péripéties d’un tournage. Il nous livre ainsi un autre roman en parallèle de celui de James Lee Burke.

Le livre se lit comme un roman, mais c’est celui d’un homme de cinéma. Nous devenons témoins des difficultés à affronter, avec l’équipe technique, les producteurs, les scénaristes, les acteurs. L’auteur/metteur en scène nous transmet les interrogations, les doutes surgissant au long du tournage et ses réactions face au système américain de production. Les pages décrivant ses relations avec l’acteur vedette Tommy Lee Jones sont passionnantes.

Ce qui, dans cet essai, intéresse les gens de lettres sont à la fois les écarts et les similitudes entre littérature et cinéma. Le travail d’équipe cinématographique opposé à la solitude de l’écrivain, les sommes énormes en jeu contre les quelques ramettes nécessaires à l’écriture. Mais les problématiques de l’audiovisuel et de l’écriture sont les mêmes : questions d’angle, de point de vue, de montage, avec l’intention toujours de créer le sens et l’émotion tout en évitant les clichés.

Et nous sommes touchés par l’approche humaine de Bertrand Tavernier, sa sensibilité, son goût des autres et de l’amitié. Sans didactisme, il nous apprend à véritablement « voir » un film. Et nous avons envie de voir ou revoir Dans la brume électrique, de lire ou relire le roman de Burke. Mission accomplie, merci monsieur Tavernier !

Pierrette Fleutiaux (juin 2010)

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