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Né à Paris, Pierre Demarty entre en 1997 à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, où il rencontre Pierre-Yves Petillon qui lui fait découvrir la littérature américaine. Après avoir vécu quelque temps aux Etats-Unis (Yale et New York), il entame la rédaction d'une thèse
(à jamais inachevée...) sur "la théâtralité du "moi" dans la littérature américaine et en particulier dans l'oeuvre de Philip Roth. De retour en France, il enseigne l'anglais à l'université Paris IV-Sorbonne. En 2005, la carrière universitaire ne le séduisant finalement guère (et réciproquement), il entre aux éditions Grasset en qualité d'assistant éditorial dans le département de littérature étrangère. Parallèlement, il entame une carrière de traducteur, et traduit notamment L'Année de la pensée magique de Joan Didion (prix Médicis 2007), L'Amérique, recueil des chroniques mythiques des années 60 et 70 de la même Joan Didion, ou encore Paul Theroux, TC Boyle, ou plus récemment Chris Bachelder. Toujours éditeur chez Grasset, il vit à Paris et traduit actuellement The Ice-Shirt de William Vollmann,  à paraître en 2013 au Cherche-midi (« coll. Lot49 »).

On lit… On lit. Des dizaines de traductions. Et soudain saute aux yeux, aux toutes premières pages, l’évidence : une traduction attentive, admirative, amoureuse et dévouée, dont le chromatisme moëlleux et les arêtes vives semblent naturellement s’imposer, fidèles aux reliefs et au grain d’un original où dominent les jeux de l’ombre et de la lumière, la fascination du détail, le goût artisanal de la nuance, du juste cliquet et de la brosse douce. Ce sont, magnifiquement et à deux reprises rendus, l’art de l’horloger et du rétameur, la verve taiseuse du colporteur et la douloureuse lucidité de son fils mourant, réminiscences, hymne à la vie et ultimes actions de grâce des humbles « bricolins » du texte original ; c’est l’hommage d’un jeune écrivain qui se délecte de l’intelligence et de la manière des transcendantalistes américains, fait songer tout haut devant nous les « Yankee peddlers » d’un temps révolu. Art et verve d’une traduction qui a d’emblée séduit le jury du Prix Coindreau : remarquable roman, remarquablement américain, remarquablement traduit.

Marc Chénetier

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