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Écrivain, poète, conférencier, administrateur du château de Bonaguil, et lauréat du Grand Prix de poésie SGDL pour l’ensemble de son œuvre en 2011, Max Pons s’est éteint le 10 avril 2021 à Montcabrier.

 

PONS Max

Né le 24 février 1927 à Condat (Commune de Fumel), entre Quercy et Périgord, sous le signe des « Poissons" et du calcaire comme il aimait à le dire.

Enfance à Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne où son père s’est élevé par son travail au rang de chef d’ateliers sur le banc d'essais des locomotives à vapeur créé en 1933 par l'OCEM et ensuite exploité par la SNCF.

Toujours à l’initiative de son père, ancien combattant de la Grande Guerre et maintenant retraité de la SNCF qui pressent des jours difficiles, il retrouve Condat dont ses parents sont originaires fin des années trente.

Il découvre alors une région et des lieux qui le marqueront fortement. Le Château de Bonaguil qu’il avait fréquenté avec sa famille lors des vacances dès son plus jeune âge à  5 ans, le fumélois bien entendu, les plaisirs de la rivière Lot et de la campagne environnante avec ses amis, mais aussi une immigration espagnole héritée des douleurs de la Guerre Civile, installée dans la bas Condat, qu’il fréquente régulièrement et qui lui donnera le goût d’une langue et d’une culture castillane qu’il adoptera également comme sienne.

C’est aussi à Condat et à Fumel que le petit banlieusard fraichement installé croise alors la route d’enseignants (instituteurs, professeurs) dont il respectera l’engagement et le dévouement toute sa vie et qui cultiveront ardemment son appétit pour l’histoire, la littérature et la poésie. Il obtient ainsi son Brevet d’Enseignement Primaire Supérieur à une époque où les lauréats de l’agglomération Fuméloise se comptent sur les doigts des deux mains.

Dès cette période, ses passions pour la littérature et la poésie, pour la langue et la culture espagnole, mais aussi pour le château de Bonaguil et le Moyen-Âge, sont nées. C’est à Fumel également qu’il rencontre le futur artiste peintre et poète Charles Minetti alors âgé de 17 ans et qui deviendra son grand ami pour la vie et 57 années.

Il reprend des études de Lettres en France (Université de Bordeaux) puis décide de vivre après-guerre durant presque 10 ans entre Condat et Barcelone, poussé par sa passion pour la culture castillane. Il entreprend alors des études universitaires en Espagne (Lettres hispaniques, Histoire) et se spécialise en castellologie. De ses années espagnoles resteront de nombreuses rencontres, tout particulièrement un autre ami pour la vie à Barcelone (Dionisio) et celle d’un certain inconnu appelé Henri Charrière, surnom « Papillon », à qui il conseille alors fortement dans la ferveur d’une nuit barcelonaise d’écrire un livre sur sa vie ! Papillon en rit à l’époque, mais lui écrira plus tard après la publication de son célèbre récit ô combien le souvenir de cette discussion et de leur nuit barcelonaise l’avait marqué (« …Mon pote, ton Papillon »).

Dès 1954 et jusqu’à sa retraite en 1992, il sera conférencier et administrateur du Château de Bonaguil. Des 4000 premiers visiteurs de 1954 au plus de 70 000 de 1992, il aura toujours œuvré avec énergie pour faire découvrir ce lieu de mémoires des pierres et des hommes qu’il aimait par-dessus tout ainsi que sa passion du Moyen-Âge. Adoubé par l’homme de lettres et historien Henri-Paul Eydoux avec qui il nouera une solide amitié, Max Pons et Bonaguil recevront au fil des ans la visite d’éminents historiens et scientifiques qui ne cesseront pas d’admirer ce fier castel.

En 1963, il fonde d’ailleurs à Bonaguil la revue "La Barbacane" ainsi que les éditions Artisanales de Bonaguil, s’affirmant ainsi comme éditeur et poète. Il publiera durant plus de 100 numéros et plus de cinquante ans d’activités éditoriales, les grands noms de la poésie Française tels Eugène Guillevic, Pierre Albert-Birot, Jean Follain, Jean Rousselot, Jean Giono, Max Jacob, Norge, Georges Ribemont-Dessaignes, Michel Host, Bernard Manciet, etc, ainsi qu’une myriade de poètes, d’écrivains et d’artistes confirmés (André Breton, Jean Cocteau, Jean Giono, Henri-Paul Eydoux, Michel Host, Nathalie Nabert, Christian Laborde, etc) ou totalement inconnus et novices, n’hésitant pas à publier les premiers textes des uns en compagnie de ces grands noms.

Traducteur du poète Catalan Salvador Espriu (première traduction de « Formes et Paroles », 1978), il co traduira également des poètes Hongrois et Irlandais, ouvrant régulièrement les horizons de la Barbacane au monde avec des numéros consacrés à des auteurs étrangers (Espagne, Chili, Islande, etc) dont les textes sont toujours présentés en version bilingues.

En plus de son œuvre poétique, Max Pons a offert de nombreux recueils : sur Fumel (« Évocation du Vieux Fumel » Privat 1959), des ouvrages et études historiques sur le château de Bonaguil bien évidemment, une évocation de son enfance estivale bretonne avec ses parents dans « À propos de Douarnenez », mais aussi avec « Une Bastide en Quercy : Montcabrier » un recueil sur ce village du Lot qu’il aimait profondément et où il s’était enraciné avec sa famille.

Jacques Chancel l’invitera sur France Inter et reconnaîtra en Max Pons « un grand petit éditeur » pour un numéro de la mythique émission « Radioscopie » du 27 octobre 1988 qu’il lui consacrera. Il participera à également et sera l’invité de plusieurs émissions radiophoniques (un spécial « Poètes de la Barbacane » sur France Culture) et télévisuelles (France 3).

Max Pons fut également invité par le Centre Beaubourg Georges Pompidou (du 6 au 11 février 1991) durant une semaine d’exposition et de conférences consacrées par « La Revue Parlée » à sa revue « La Barbacane » ainsi qu’à plusieurs colloques littéraires à Canisy et de nombreux festivals littéraires et poétiques dans toute la France (Salons du Livre, Marché de la Poésie, colloques, conférences, etc).

Max Pons sera récompensé par le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres (SGDL) pour l’ensemble de l’œuvre en 2011 à l’occasion de la publication de « Vers le Silence, itinéraire poétique » (La Barbacane, 2011).

C’est en 2011 également qu’il reçoit avec une grande émotion des mains du Maire de Fumel Jean-Louis Costes la médaille de la ville de Fumel et en devient citoyen d’honneur.

Amoureux de la vie, du verbe, de la parole et surtout du dialogue entre êtres humains, capable de citer par cœur des centaines de poèmes et d’auteurs, il défendait par-dessus tout et jusqu’au bout une volonté farouche d’offrir une vie de savoirs et de passions avec enthousiasme, à tous et le plus humblement possible.

Son épouse Denise, son fils Stéphane, ses petits-enfants Alice et Joan.

Max Pons (extraits)

Le réel est du rêve qui a réussi !

Mon regard m’a construit.

La parole, bâti.

Ce que j’ai fait m’a fait.

Prendre son temps.

Et le reprendre encore.

Pour ne pas le perdre.

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