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Au milieu de l’été nous avons appris la disparition de Christiane Baroche, notre collègue, notre amie. Elle avait presque 90 ans, et une carrière littéraire riche de plus d’un demi-siècle de créations. La SGDL lui rendra hommage le 27 mars, à 19h, à l'Hôtel de Massa.

HOMMAGE à CHRISTIANE BAROCHE

 

Christiane Baroche est née à Paris en 1935. Elle a mené en parallèle une double carrière, celle d'une scientifique spécialisée en biologie, et celle d'une passionnée d'écriture et de littérature. En 1975, elle publie son premier recueil de nouvelles, Les Feux du large (Gallimard). Si Christiane Baroche excellait dans les textes courts, elle a également publié des romans dont L'Hiver de Beauté (Gallimard, 1987), Les Ports du silence (Grasset, 1992), La Rage au bois dormant (Grasset, 1995) et Les Petits Bonheurs d'Héloïse (Grasset, 1997). Administratrice de la Société des Gens de Lettres, elle fut membre de nombreux jurys littéraires et n’a eu de cesse de défendre le genre de la nouvelle : en 2012, elle a créé le Prix Christiane Baroche du 1er recueil de nouvelles à la SGDL. Elle animait également des ateliers d'écriture, en particulier chaque été, les Ateliers du Prix du Jeune Ecrivain dont les éditions Rhubarbe ont publié sept recueils anthologiques.

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Le genre de Christiane

Au milieu de l’été nous avons appris la disparition de Christiane Baroche, notre collègue, notre amie. Elle avait presque 90 ans, et une carrière littéraire riche de plus d’un demi-siècle de créations. Après des études scientifiques, Christiane avait mené, à partir du début des années 1970, une double vie, poursuivant ses activités de chercheuse en biologie à l’Institut Curie tout en multipliant les activités littéraires – critique dans de nombreuses publications, lectrice chez Gallimard et bien sûr autrice.

Elle avait participé activement à la vie de notre association. Membre du Comité de la SGDL de juin 1999 à juin 2018, elle avait assuré les fonctions de Secrétaire général, se plaisant à dire qu’elle se sentait plus « générale » que « secrétaire ». Elle était devenue ensuite présidente de la Commission littéraire et avait participé à diverses commissions, notamment celle des aides sociales, où elle était très assidue. Même après son départ du Comité, elle aimait revenir à Massa, ce qui m’a permis de la croiser à plusieurs reprises. L’image que je garde de ces visites : un regard, à la fois pénétrant et plein de malice. Il disait – sans qu’il soit besoin que nous échangions longuement car cela faisait plusieurs années que Christiane avait choisi de s’isoler des bruits du monde extérieur ! – combien restaient intactes la vivacité d’un esprit et la vitalité d’un être.

Dès l’achèvement des travaux à l’hôtel de Massa, nous organiserons une belle soirée pour honorer sa personnalité, son œuvre et ses engagements. L’un de ceux-ci lui était particulièrement cher. Il était en faveur d’un genre peu prisé par les éditeurs français et, par conséquent, assez méconnu des lecteurs : la nouvelle. Comme Christiane le note dans la présentation qu’elle fait d’elle-même sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature, elle a toujours écrit dans ce genre si précieux et si précis de la fiction brève, ramassée, concentrée. C’est grâce aux nouvelles qu’elle entame une carrière d’écrivain, en 1975, avec un premier recueil, Les Feux du large, qui obtient le prix Drakkar. Trois ans plus tard un deuxième recueil, Chambres avec vues sur le passé, reçoit le Goncourt de la Nouvelle. En 1994 son recueil Bonjour, gens heureux, est récompensé par le Grand Prix SGDL de la nouvelle. Et toute sa vie, elle va défendre cette forme, obstinément, passionnément.

Parce qu’elle était aussi soucieuse de repérer et d’encourager les talents nouveaux, elle avait eu l’idée de lancer à la SGDL un prix récompensant la publication d’un premier recueil de nouvelles. Un prix qu’elle finançait. Ce prix porte son nom. Il existe depuis 2012 et il est remis en même temps que nos Grands Prix, dans le cadre du festival "Espèces d’auteurs" qui, cette année, se tiendra à l'Hôtel de Massa, les 13 et 14 juin. Même s’il semble le mal-aimé de l’édition française, le genre qui toujours mobilisa les forces créatrices de Christiane mérite notre attention, notre soin, notre vigilance : il reste indémodable, toujours plein de promesses, et nécessaire car propice à l’éclosion des voix les plus libres et les plus singulières. C’est pourquoi Christiane aurait sans doute été ravie et émue d’apprendre, si elle avait vécu quelques mois de plus, que la SGDL allait lancer en 2025, à l’initiative d’un collectif féminin « EN BREF », animé notamment par Marie Sellier, Belinda Canone et Emmanuelle Favier, membres de notre Comité, un nouveau cycle de soirées littéraires destinées à redorer l’image de ce genre qu’elle affectionnait tant, genre injustement négligé dans le paysage éditorial contemporain. C’est comme si, à travers ce cycle à venir, se perpétuait une flamme que Christiane avait entretenue tout au long de sa vie d’écrivain.

Salut à toi Christiane, et longue vie au prix qui porte ton nom et perpétue ta mémoire !

Christophe HARDY, Président de la SGDL