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La Société des Gens de Lettres (SGDL) a pris connaissance de l'arrêté du 17 juillet 2023 par lequel le ministre de l’Intérieur a décidé d'interdire la vente aux mineurs de l’ouvrage de Manu Causse, Bien trop petit, publié il y a plus de dix mois (septembre 2022) par les Éditions Thierry Magnier.

Les critères d’appréciation sur lesquels le ministre de l’Intérieur a fondé sa décision, au regard des prérogatives qui lui sont accordées par la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, suscitent pour le moins l'étonnement et la perplexité.

La loi prévoit que le ministre de l'Intérieur peut interdire ou restreindre la diffusion d'ouvrages « présentant un danger pour la jeunesse en raison de contenus à caractère pornographique ou susceptibles d'inciter au crime ou à la violence, à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l'usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes ».

Or le livre de Manu Causse, qui traite de la sexualité, des complexes et des inquiétudes qu’elle fait naître chez les adolescents, ne semble a priori relever d'aucun des motifs précités.

La SGDL affirme son attachement indéfectible au principe de la liberté de création et de publication, dès lors que les publications en question ne présentent pas « un danger pour la jeunesse », et rappelle que les actions de prescription et de médiation menées au quotidien par les enseignants, les éducateurs, les libraires et les bibliothécaires permettent d’orienter les jeunes lecteurs dans l’offre éditoriale abondante et diversifiée qui leur est proposée, sans qu’il soit nécessaire de recourir à des mesures d’interdiction ou de restriction de la diffusion des ouvrages lorsque cela n’est pas pleinement justifié.

Tout en concevant la nécessité de dispositifs permettant d’avertir ou de protéger les mineurs à l’égard de contenus à caractère raciste, haineux, violent, discriminatoire, faisant l’éloge de la pédo-criminalité ou de la pornographie, la SGDL s’étonne que le livre soit aujourd’hui le seul média soumis à de telles règles d’interdiction, quand dans le même temps l’internet propage et diffuse librement, sans véritable contrôle ni restriction, des contenus relevant clairement de ces catégories.

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