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Alice Seelow est née et vit à Paris. Après quatre années de professorat de lettres en région parisienne, elle poursuit ses études en écrivant une thèse de cinéma sur Robert Bresson, réalisant parallèlement un court-métrage primé, Le Marchand de sable, adapté du conte d’Hoffmann. Puis elle travaille comme lectrice au service des projets de France 2, et comme pigiste de critiques de films. Passionnée par les textes et par l’écriture, la traduction littéraire devient dès 1998 son métier à plein-temps. Elle écrit des ébauches, et des nouvelles. Le Marchand de biens est son premier roman. Elle est la traductrice du Chilien Antonio Skármeta, du Cubain Abilio Estévez (Prix du Meilleur Livre Étranger 1999 - Grasset). Elle a traduit des nouvelles de Bradbury et des inédits de Katherine Mansfield (Stock).

N’allez surtout pas croire qu’il s’agit ici, avec ce livre, d’une simple histoire immobilière ! Ce serait passer à côté de l’essentiel…

Ce premier roman d’Alice Seelow est à lire comme une métaphore du désir devenu obsession et d’une obsession où l’objet de la convoitise ne fait plus qu’un avec celui qui le poursuit.

Peu importe l’objet. Ici c’est un appartement. Max le veut. Il veut plus que tout au monde, cette appartement de la rue de la Clef (tiens ! la clef ! un symbole, là encore peut-être : la clef de quoi me direz-vous !).

« L’appartement l’appelait, le tirait par un fil invisible… »

Ce fil, Max va le suivre, s’y accrocher, se tendre avec lui à l’extrême, sans savoir qu’au bout c’est « sa dernière demeure qu’il trouvera […] pas un autre endroit du monde où il n’eut désiré être. »

De sa quête furieuse, de ce « bien » qui lui fera bien mal, Max va parvenir jusqu’à ce moment inouï de l’identification avec son désir.

C’est ainsi quand l’appel est trop fort : à force de désirer de la pierre on peut devenir pierre.

Jouissif, ce texte faussement quotidien qui fleure la métaphysique, et qui, dans une tension qui relève à la fois de l’art du suspens à la Hitchcock et de l’épouvante à la Edgar Poe, nous rappelle que derrière l’homme civilisé auquel nous aspirons à être, la force irrépressible de la pulsion est la plus forte et, au sens propre comme au figuré, nous pétrifie.

Noëlle Châtelet (décembre 2011)

 

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