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Appel à candidatures : résidence d’écriture à Edenkoben (Allemagne) / Août 2024

Une résidence d'un mois (août 2024) au Centre artistique d’Edenkoben en Rhénanie-Palatinat (Allemagne).   Lire la suite

Appel à candidatures: résidence d’auteurs RÉCIT’CHAZELLES

La résidence d’auteurs RÉCIT’CHAZELLES lance son APPEL À CANDIDATURES. La date limite d'inscription est fixée au 30 MARS 2024. Lire la suite

Appel à candidatures: résidences à la Villa Kujoyama en 2025

En 2025, la Villa Kujoyama accueillera environ quinze lauréats et lauréates pour des résidences de 4 à 6 mois. Les lauréats et lauréates sont appelés à nouer des relations de travail avec les milieux professionnels, universitaires, artistiques et culturels de Kyoto, de la région du Kansai et de l’ensemble de l’archipel. Les candidatures peuvent être déposées par un candidat solo, en binôme, ou en duo franco-japonais. Cette année, le processus de sélection est également ouvert aux duos et binômes Arts et Sciences.   Lire la suite

Lancement du site Lecture-Justice

La Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill), en partenariat avec le ministère de la Culture et le ministère de la Justice, lance le site Internet Lecture-Justice afin d’accompagner le déploiement de projets livre et lecture auprès des personnes placées sous main de justice.   Lire la suite

Xavier Malbreil, auteur

Quand on me demande de présenter mes oeuvres de littérature informatique, comme ce fut le cas lors de cette rencontre organisée par la Société des Gens de Lettres, le 5 décembre 2006, je ne peux jamais séparer théorie et poésie.

Expliquer pourquoi les « 10 poèmes en 4 dimensions » ou le « Livre des Morts », pour parler de mes oeuvres les plus connues, sont construits de telle ou telle façon, sans passer par quelques préalables, qui tiennent autant à l'évolution des techniques qu'à l'histoire littéraire, ce ne serait tout simplement pas juste. On ne peut pas, je ne pourrais pas, envisager de parler des oeuvres comme si elles étaient séparées de l'histoire de l'écriture, qui court depuis plus de 4000 ans jusqu'à nos jours. Je ne le pourrais pas, car même s'agissant du document administratif le plus usuel, nous sommes d'une façon ou d'une autre reliés à cette succession d'inventions techniques, qui permettent l'expression des passions humaines, par l'écriture, et leur conservation. Nous pouvons être le porte-parole de cette histoire sans le savoir, et écrire ce qui nous semblera de la dernière nouveauté, et ne sera qu'une redite supplémentaire ; nous pouvons croire que le texte écrit et rassemblé sous forme de livre est la seule possibilité de littérature ; nous pouvons croire bien des choses, et faire bien des erreurs, dès lors que toute l'histoire de l'écriture n'est pas présente derrière nous quand nous prenons la parole. Nous pouvons aussi rassembler cette histoire en nous, et la faire parler au fil de notre voix, de notre plume, de notre clavier, en toute connaissance de cause, en acceptant son poids, en revendiquant son héritage.

C'est que j'essaie de faire et vais essayer d'expliquer ici, de la façon la plus synthétique possible.

La littérature informatique (1) permet-elle de redéfinir la littérature?

Si l'emploi du terme « littérature informatique » peut sembler à certains comme le mariage de la carpe et du lapin, il faut alors en expliquer le sens. , Le terme de « littérature » n'est en général pas suivi d'un qualificatif. Il se suffit à lui-même, parce que nous avons tendance à oublier que la littérature orale a existé avant la littérature écrite.

Mais, avant d'aller plus loin, le terme de « littérature orale » est-il justifié ? , Dans son article concernant la « littérature orale », le chercheur Jean Marie Schaeffer (2), fait remarquer que l'étymologie du mot « littérature » nous renvoie vers la « lettre ». Dès lors qu'on emploie ce terme de littérature en association avec le mot « oral », on pourrait faire un contresens, puisque dans la littérature orale, on n'entend à vrai dire aucune lettre, on n'entend que des sons. Mais si le terme de « littérature orale » est universellement reconnu pour désigner ce qu'il désigne, nous devons en accepter la formulation.

La littérature orale, qui a précédé la littérature écrite, faut-il le rappeler, serait donc, selon le chercheur, un autre versant des « arts du langage ». En suivant le fil de ce raisonnement, la « littérature informatique », serait, elle aussi, un autre versant des « arts du langage ». Ce qui différencierait les trois littératures serait donc le support.

La littérature orale, la première, doit se contenter du corps humain. La seconde, la littérature écrite, se grave, s'imprime, se cisèle sur la pierre, le parchemin, le codex, enfin le Livre. Et la troisième, la littérature informatique, va se nicher dans les replis des mémoires numériques.

S'il fallait répondre encore à une objection des tenants d'une littérature du livre, qui la voudraient seule et unique, nous pouvons nous étendre sur ce terme d'« arts du langage ». Le mot « arts », au pluriel, semble désigner des pratiques plurielles, mixtes. Les « arts du langage » n'engageraient pas donc uniquement le langage ?

Eh bien oui ! Pour le dire le plus franchement possible, il n'existe pas de littérature qui reposerait uniquement sur le langage. Un livre est un objet que nous soupesons, très matériellement, dans nos mains, et dont l'aspect extérieur va infléchir notre lecture. L'éditeur ayant pris la responsabilité de porter jusqu'au public l'écrit d'un auteur, nous influencera tout autant dans notre réception : l'attente n'est pas la même selon que le livre sera édité par Gallimard ou les éditions Larousse, pour prendre un exemple des plus parlants. Le contexte dans lequel se situe notre lecture, qui engage tout autant des aspects culturels, sociaux, que métatextuels, dépasse là encore l'unique domaine des lettres.

La littérature orale, elle aussi, elle évidemment, n'est pas une discipline uniquement langagière. Le corps du conteur, sa voix, la situation dans laquelle l'acte de conter prend place, tout cela va influencer notre réception. Et enfin, la littérature informatique va sans vergogne utiliser des images, des sons, va user de procédures de lecture interactive, va demander au scripteur de maîtriser à la fois l'écriture en langage naturel et l'écriture du code. La littérature informatique n'est pas, loin s'en faut, l'unique fille du langage. Elle engage tout le corps du scripteur, comme celui du lecteur, qui par la souris, le clavier, la webcam, l'écran tactile, et tout ce que nous ne pouvons pas encore imaginer, vont ensemble parcourir une oeuvre située sur ce versant des « arts du langage ». , Il serait trop long ici de développer la façon dont la littérature informatique permet de reconsidérer la littérature écrite, ainsi que la littérature orale. Cela a déjà fait l'objet de plusieurs articles et communications, ainsi que d'un livre auxquels je peux renvoyer à travers ce lien : http://www.0m1.com/Theories/theorie.htm

En quelques mots, toutefois, je dirai que les oeuvres de littérature informatique, qui permettent d'associer des mots, des sons, des images englobent tout à la fois l'oralité, avec la simulation de présence qui est le propre de la littérature orale ; englobent aussi le rapport d'intimité, dans la lecture silencieuse, que la littérature écrite a institué entre le lecteur et l'oeuvre. Si l'on voulait faire preuve d'enthousiasme, on dirait que la littérature informatique promet tout ce que les littératures orale et écrite permettaient, et encore davantage.

Mais comme nous ne sommes pas dans le domaine du quantifiable, ni de la compétition, laissons cela de côté. La littérature informatique, et c'est un bien grand bouleversement, nous permet déjà de nous rappeler qu'avant la littérature écrite, il existait une écriture orale. Cette dernière, qui a presque entièrement été recouverte par la littérature écrite, n'a pas pour autant disparu.

De même, énoncer l'existence d'une littérature informatique n'est pas un acte de guerre à l'encore des deux littérature orale et écrite. Elles vont, toutes trois, accorder leur pas. Des «Dix poèmes» aux «Formes libres » Le lecteur, après l'auditeur m'aura peut-être pardonné ce préambule un peu long. Mais il fallait bien expliquer pourquoi une oeuvre comme les « 10 Poèmes en 4 Dimensions » se réclame du dialogue platonicien le « Cratyle », et pourquoi elle mêle sur une même surface des mots et des images.


 

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Comme cette capture d'écran du premier (3) des dix poèmes nous le montre, différents types d'inscription sont associés sur une même surface. Ecriture au clavier, à la souris, images, texte généré par des fonctionnalités du logiciel d'écriture, etc... , Et tout cela en référence au dialogue Platonicien, le Cratyle ? , C'était en tout cas le voeu de l'auteur, à l'aube des années 2000, quand il s'initiait aux travaux de création littéraire sur ordinateur : pouvait-on, grâce à l'écriture en code HTML, renouveler cette problématique, qui traverse l'histoire de la poésie comme celle de la philosophie, et dont Derrida a bien rendu compte dans sa « Grammatologie (4)», du rapport entre le mot et la chose ?
Pouvait-on, en mêlant sur une même surface et dans une même temporalité, des mots, des images, des procédures de lecture interactive, retrouver cette origine du signe, quand il parvenait à dire toute la chose ? La réponse, telle qu'énoncée dans le dixième des « 10 poèmes »(5), ne règlera certes rien de la problématique énoncée par Platon.

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De ce constat, qui valait pour échec, les « Formes libres flottant sur les ondes (6)» tireront la conclusion.

Chacune d'entre elles ayant pour tâche de dire combien plus jamais nous ne connaîtrons de système de représentation qui dît le monde tout entier. Combien nous aurons toujours les mots entre le monde et nous. Et combien toujours le visible sera sous-tendu par du lisible. Sur ce malheur, il serait malgré tout possible de construire quelque chose.

Mon intention originelle, de trouver de nouvelles formes littéraires, qui entendraient le bruit du monde, je pouvais toujours la poursuivre.

Sur l'écran de l'ordinateur, les images, les animations, les emprunts de toutes sortes, viendraient porter le témoignage du visible du monde, tandis que les mots diraient toutes les nuances du décalage entre le vu et le perçu. Devant le raz-de-marée d'images qui nous submergent quotidiennement et qui finissent par perdre tout sens, les mots sont toujours plus impuissants à restituer une compréhension.
Dans le hiatus complet entre images et mots de certaines " Formes libres ", quelque chose de cela est dit.

Celle-ci par exemple, « L'araignée du doute (7)» , dont je reproduit ici l'un des états, et qui fut montrée dans le Magazine Littéraire du mois de Novembre 2000. Le doute, qui s'y manifeste, ne peut certes pas se comprendre sur image arrêtée, puisqu'il est produit par la différence entre les vitesses de défilement des deux animations oui/non qui occupent le centre de l'écran et se superposent.

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Puisque l'époque industrielle a connu le triomphe de la vitesse et de son corollaire, qui est cette illusion de pouvoir maîtriser le temps - en le contractant ici par les moyens de déplacement qui nous donnent un sentiment d'ubiquité, en le dilatant là au contraire, par un choix désormais possible de gestion " à la carte " du temps - il fallait que la littérature infocrmatique en donne témoignage, en fasse critique, ce qui est ici fait.

Mais plus simplement aussi, ces " Formes libres flottant sur les Ondes " seraient-elles comme un journal intime, dans lequel je pourrais consigner à la fois des impressions visuelles et des intentions d'écriture.

 

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Des mots entendus lors d'une séance de natation, qui trouvent vite à se raccrocher à une impression de frétillement, à des couleurs aquatiques, et voilà une " Forme libre " (Gymnastique) qui s'impose d'elle-même.

Du «Livre des Morts» à «De l'amour»

Pour ce qui concerne la présentation du Livre des Morts (8), qui ne peut se faire ni en quelques minutes ni en quelques phrases, je renvoie d'une part vers la présentation que j'en ai donnée lors d'un colloque organisé par l'Université Ouverte de Catalogne, à Barcelone, en Mai 2004 (9) , et d'autre part vers l'article que lui consacré Isabelle Escolin-Contensou, maître de conférence à l'Université de Nantes, dans le Magazine du Centre International d'Art Contemporain de Montréal (10) .

En quelques mots, toutefois, je dirai que le projet du Livre des Morts ne pouvait naître que sur l'Internet.
Depuis la rencontre avec mon co-auteur et metteur en scène, Gérard Dalmon, designer français vivant à New York, que j'ai connu grâce à une liste de diffusion, jusqu'à la mise à disposition d'un espace d'écriture pour les internautes, tout dans ce projet est spécifique aux nouvelles technologies du numérique.

Le Livre des Morts est autant un livre à lire, à entendre, à parcourir avec la main, qu'un livre dans lequel écrire.

Pour ce qui concernele "coeur" de l'ouvrage, le déroulement de chacune des sept séquences sera toujours identique, avec un texte introductif, égrenant quelques prénoms issus de plusieurs horizons culturels et linguistiques, comme ceux du premier chapitre «Etonnement »

 

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Une séquence animée viendra ensuite constituer le corps du chapitre, comme celui-ci, toujours «Etonnement»

 

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Et enfin, un texte viendra clore «Etonnement», puis se poursuivra de chapitre en chapitre.

 

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Pour ne pas abuser de la patience du lecteur, je finirai en présentant mon projet en cours, « De l'Amour » , dont le point de départ est une feuille A4, qu'une étudiante chinoise avait distribuée au cours d'un séminaire.

Son travail visait à rendre compte de la qualité approximative des traductions, par Paul Claudel, de poètes classiques chinois. Une feuille oubliée au fond de ma besace pendant longtemps, sur laquelle j'ai pris des notes, griffonné des dessins sans intention, donné une traduction involontaire de mon ennui, sans jamais y prendre garde, jusqu'au jour où, faisant le ménage dans mes affaires, je l'ai découverte.

De ce matériau pauvre, de ce presque rebut, j'ai décidé de faire quelque chose, mais pourquoi, je ne m'en souviens pas. Passée au scanner, puis agrandie considérablement, raturée, surécrite, triturée dans tous les sens, cette photocopie a révélé, dans les détails de la trame du papier, l'envers de l'écriture, au sens le plus matériel du terme.

L'amour n'est jamais une page vierge, tout s'écrit, se surimpose sur du connu, et pourtant rien n'est non plus écrit d'avance, la surprise peut venir de l'interaction entre texte ancien et texte nouveau...

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Pour l'instant composé d'une vingtaine de pages html, « De l'Amour » se complètera bientôt, dans le premier semestre de l'année 2007, d'une pièce sonore, enregistrée par Gérard Dalmon et Alexandra Loewe.

En guise de conclusion, je reproduis ci-dessus un autre visuel issu de « De l'Amour », sur lequel le texte de Paul Claudel, le texte de l'étudiante chinoise, ainsi que mon texte sont mêlés aux détails de la trame du papier, aux graphittis...

Comme une sorte de manifeste pour une littérature informatique.


 (1) Voir l’article que j’ai consacré à ce terme pour tenter de le définir au mieux dans le Dictionnaire International des termes littéraires (www.ditl.info).
 (2) Jean Marie Schaeffer, article « littérature orale », p.608, dans le « Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage », Editions du Seuil, Points, collection Ess ais.
 (3) http://www.0m1.com/10_poemes_en_4_dimensions/page1.htm

 (4) Jacques DERRIDA, de la Grammatologie, Editions de Minuit.
 (5) http://www.0m1.com/10_poemes_en_4_dimensions/Anim10.htm
 (6) http://www.0m1.com/Formes_libres/flaccueil.htm
 (7) http://www.0m1.com/Formes_libres/formlibr23.htm
 (8) http://www.livresdesmorts.com
 (9) http://www.0m1.com/Theories/Le_Livre_des_Morts.doc
 (10) http://www.ciac.ca/magazine/sommaire.htm


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